Dans
l'Histoire Générale du Languedoc, Vertus
est attesté comme "alleu" en 961.
En
1200, l'évêque d'Albi était le collateur de l'église de Vertus.
En 1219, celui-ci la donna aux chanoines de Sainte-Cécile, avec le
tiers des dîmes du blé et toutes celles des menus grains qu'il
reprit sans doute bientôt après. Et en 1229, la possession de la
dîme de l'église de Vertus suscita des controverses et nécessita
une sentence arbitrale.
En
1250, il est fait mention d'un hameau et d'une église paroissiale,
là où elle est aujourd'hui située "sur un méplat d'où
elle domine deux ravins qui se réunissent".
En
1280, les chanoines de Saint-Salvy d'Albi eurent également des
droits sur Vertus et en 1282, Hugues Bernard de Rabastens père et
fils délaissèrent les dîmes qu'ils prélevaient à
Saint-Pierre-de-Vertus.
En
1542, on trouve l'arrentement des fruits et revenus de la rectorerie
de Vertus pour 210 livres par an et en 1637, les oeuvres de Saint
Pierre, de Saint Blaise et de la Table du Purgatoire existaient dans
l'église et possédaient diverses terres dans la paroisse.
Le retable
de Vertus dans l'état actuel
Le 8 novembre
1683, Jacques Boucher, maître sculpteur à Rabastens, s'engagea par
contrat devant notaire à réaliser le retable du maître autel. Il
en fut chargé par Bertrand Barthès, curé de la paroisse et Robert
Terrassié et Nicolas Roques, marguilliers.
Le
sculpteur devrait employer "du bon bois de noyer" et
ajuster au nouveau retable, le tabernacle ancien.
Le
21 septembre 1685, Jacques Boucher reçut devant le même notaire la
dernière tranche de la somme fixée et les bailleurs se déclarèrent
"pleinement contans et satisfaictz".
Dès 1900, Emile
Marty attira l'attention de la municipalité sur cette œuvre d'art
et émit le vœu que soit demandé son classement comme monument
historique.
A
partir de 1823, le registre du conseil de fabrique nous donne de
nombreuses indications sur l'état de l'église de Vertus et les
travaux qui y sont effectués.
En
1837, le conseil municipal vote une somme de 200 francs pour aider la
fabrique de l'église à faire réparer le retable "que la
vétusté dégrade".
Plan de 1845
Le
14 avril 1844, "le conseil de fabrique a donné à
l’entreprise Pierre Michel maître maçon, les travaux suivants à
faire à l’église et les membres du conseil se sont obligés
immédiatement à prêter à la fabrique la somme qui lui manquera
pour payer le dit Michel qui s’est obligé moyennant la somme de
760 Fr. à exécuter les travaux suivants :
1°
abattre l’arceau de la chapelle Notre-Dame et reconstruire le mur
de manière qu’il soit en droite ligne d’un bout à l’autre,
2°
démolir la chapelle des fonds baptismaux, la reconstruire avec le
même arceau et la même grandeur que la chapelle de Notre-Dame,
plafonner à trois
couches la dite chapelle, la carreler, pratiquer du
côté du nord une grande ouverture et faire le couvert,
3°
plafonner le dessous de la tribune
4°
pratiquer un petit escalier dans l’intérieur du clocher, faire une
cloison avec deux portes,
5°
couper les deux piliers qui avancent dans l’intérieur de l’église
6°
plafonner à trois couches le plafond de la voûte de l’église,
fournir les lambourdes qui manquent, faire une corniche et
l’architrave avec du retour d’espace en espace,
7°
tomber à cinq pans de hauteur, tout autour de l’intérieur de
l’église, les vieux mortiers et le remplacer par du nouveau...tous
les ouvrages doivent être terminés pour le 1er
septembre 1844".
Le
porche dans l'état actuel
En 1845, le conseil de
fabrique décide de faire dresser un devis par M. Hugounet
architecte, pour la reconstruction des deux murs latéraux de
l'église qui "ont perdu leur aplomb et qui menacent ruine"
pour la construction de deux chapelles latérales, le déplacement de
"la porte d'entrée au fond de l'église en face le
sanctuaire...la construction d'un porche pour préserver les fidèles
d'un trop grand courant d'air", la réparation de la toiture
"établie sur un système vicieux puisqu'elle porte sur le
milieu du plafond" et pour le remplacement "du vieux
plafond en plancher pourri par un voûte en plâtre à anse de
panier".
En
1856, un don de 150 francs fait à la fabrique, a permis de restaurer
le retable du sanctuaire. Le conseil de fabrique décide également
de faire construire à côté du porche un chambre de décharge pour
y mettre les chaises et la réparation du clocher a coûté à la
fabrique la somme de 624 francs 35.
Un
vitrail encore en place
En
1872, une nouvelle fenêtre avec vitrail peint a coûté à la
fabrique la somme de 100 francs, et la peinture des murs du
sanctuaire, faite par Pédroni, la somme de 200 francs.
En
1876, une réparation importante est faite par un charpentier à la
toiture de l'église.

L'autel
en marbre dans l'état actuel
En
1877, la fabrique a acheté grâce à un don important, un maître
autel en marbre blanc en remplacement du maître autel en bois, pour
la somme de 1409 francs (1260 f + 149 f de transport), qui sera
"détaché du retable pour laisser un petit passage derrière
l'autel"
En
1886, le maître autel assorti au retable est vendu à une église de
l'albigeois, l'église de Cadix dans la canton de Valence
En
1880, le nouveau conseil de fabrique "formule un projet de
réparation important à faire à l’Eglise, considérant que le
plafond très irrégulier de la nef est 1° lézardé partout et
tombe en ruine, 2° plus bas que le plafond du sanctuaire d’un
mètre quatre vingt et d’un style différent, propose de substituer
au mauvais plafond de la nef une voûte en briques tuyautées et
d’élever cette voûte au niveau de celle du sanctuaire ; pour
cet effet , il sera nécessaire 1° de construire 3 arcs doubleaux,
l’un au sommet, l’autre au milieu et l’autre au fond de la nef,
2° d’exhausser les murs de la nef d’environ 2 mètres et
d’établir 2 contrefiches seulement à l’extérieur"....."Le
dit conseil de fabrique propose également de démolir les 2 gros
murs de séparation des chapelles, et de leur substituer 2 arcs
doubleaux solidement construits, ce qui transformera ainsi les 4
chapelles en bas-côtés dont les plafonds également délabrés
seront refaits en voûte régulière comme la nef"....
"Pour
subvenir aux frais de la présente réparation, il faudra environ
4 000 F dont 2 500 à la charge de la fabrique ou de
la paroisse, et le reste à la charge de la commune.
Le
présent projet sera soumis au conseil municipal pour être examiné,
modifié ou approuvé tel quel, après qu’un plan et devis aura été
établi par un homme de l’art.
Si
les fonds disponibles de la fabrique joints aux dons manuels étaient
insuffisants pour parfaire les 2 500 F promis, elle y
pourvoirait au moyen d’un emprunt ou par un secours demandé
à l'état.
Plans
de 1883
Les
plans et devis ont été dressés par l’architecte Dutour de
Toulouse et après que le projet de réparation de l’église ait
été approuvé à la Préfecture et qu’un secours de 700 F ait été
accordé par le conseil général, le projet sera réalisé en 1883
"à la charge de la commune comme offrant plus de sécurité
et de garantie", comme il ressort de la délibération du
conseil de fabrique de cette année-là.
En
1880 "le conseil a décidé de refaire la caisse de la
fabrique et de construire derrière le côté Nord de l’église un
cabinet public depuis longtemps réclamé et d’une utilité
reconnue".
En
1893, le conseil de fabrique déclare avoir fait décorer le
sanctuaire de l'église avec ses deniers pour la somme de 3000
francs.
Les
informations suivantes sont extraites du registre des délibérations
du conseil municipal de Rabastens
En 1929, le conseil
municipal approuve une demande de réparation du toit de l'église.
En 1948, une élue
demande que soit faite une réparation au presbytère et souligne que
l'effort a été fait jusqu'à ce jour par les paroissiens, les
dernières réparations faites par la mairie remontant à plus de 20
ans.
En 1956 "M. le
maire fait part du mauvais état de l'église de Vertus qui menace
ruine et rend compte de la visite de l'architecte départemental dont
les conclusions de sont guère encourageantes," et qui
risquent de voir les paroissiens privés de leur église.
Le 2 avril 1958, le
retable, le tableau et les statues du maître-autel de l'église
Saint Pierre de Vertus sont classés par les monuments historiques,
selon la description qui en est faite ci-après :
Retable
architecturé à trois compartiments délimités par quatre colonnes
torses pamprées à chapiteaux corinthiens. Au centre : toile, dont
le bord supérieur est cintré, représentant la Crucifixion. Dans
les compartiments latéraux sont placées deux statues : à gauche
saint Pierre et à droite saint Paul. couronnement : entablement,
édicule au centre, encadré de deux volutes et à tympan décoré
d'un relief de Dieu le Père, et deux frontons cintrés au-dessus des
compartiments latéraux. Le retable est à dominante grise rehaussée
de dorure sur les reliefs. Les statues sont dorées. Deux petits
compartiment en retour sur le mur sont encadrés de pilastres
cannelés aux deux tiers.
h
= 550 ; statues : h = 90, parties en retour : la = 140
En 1961, quelques petites
réparations sont envisagés : changement de la chaîne du clocher,
fixation des vitraux....
Dans les années 1967-69,
afin "d'assurer la sécurité des paroissiens", le danger
semblant venir des chapelles latérales, la mairie en concertation
avec quelques habitants de Vertus décide de condamner les chapelles
en faisant bâtir des cloisons de séparations de façon à ne rendre
accessible au public que la nef et le sanctuaire.
Par la suite, les
délibérations du conseil municipal ne font état d'aucune
intervention sur l'église de Vertus.
En 1971, la sanction
tombe : fermeture de l'église en interdisant l'accès et la sonnerie
des cloches, par arrêté municipal du 27 juin.
En 1988, un projet de
restauration de l'église de Vertus est inscrit au budget pour la
somme de 365 000 F. Il s'agit de refaire la charpente et la
couverture de l'ensemble de l'église - choeur, nef, chapelles,
porche et local chaises.
Les travaux sont réalisés
en 1991 pour un montant de 106 287 F 40 comme il ressort de la
facture payée à l'entreprise Bellegarde de Couffouleux. Des
matériaux tels que bois de charpente, tuiles sont fournis par des
paroissiens de Vertus, ainsi que de la main d'oeuvre pour
déblaiement, nettoyage et autres menus travaux.
En 2004, plusieurs
habitants de Vertus décident de créer une association "les
Amis de Vertus" pour sauvegarder le patrimoine de leur quartier.
Les bénévoles de l'association restaurent d'abord un lavoir, mais
ne peuvent intervenir sur l'église en raison de l'arrêté municipal
en interdisant l'accès. Après de nombreuses démarches auprès de
la mairie, l'association obtient en 2009 l'autorisation de faire
réaliser les premiers travaux.
Il s'agit dans un premier
temps de consolider le clocher et les travaux sont confiés à
l'entreprise Vertus-Habitat.
Ces travaux ont consisté
essentiellement dans la mise en oeuvre de coulis de chaux pour
renforcer des maçonneries anciennes, la fourniture et pose de
tirants et croix et la consolidation du soubassement d'un mur de
chapelle pour un montant de 2 967.63 € H.T. entièrement payé par
"les Amis de Vertus", la T.V.A. ayant été payée par la
mairie de Rabastens.
Croix
posées pour consolider le clocher
Les témoins
en plâtre posés après avoir effectués ces travaux, permettront
d'en vérifier l'efficacité. A ce jour, aucune
fissure n'a été constatée.
Le
presbytère attenant à l'église, tombé dans le domaine public à
la révolution, avait été racheté quelques années plus tard par
des paroissiens de Vertus, qui y firent régulièrement des travaux
comme en témoignent les registres du conseil de fabrique du XIXème
siècle. Au XXème siècle il revint dans le domaine public et fut
vendu par la mairie lorsqu'il n'y eut plus de prêtre résidant dans
la paroisse. Il a été restauré et est actuellement habité.
De
nombreuses démarches ont été faites par l'association pour faire
établir une étude et un devis de travaux permettant de sécuriser
l'ensemble de l'édifice. Une entreprise accompagnée d'un architecte
se sont rendus sur les lieux pour faire les relevés . "Les Amis
de Vertus" sont dans l'attente de cette étude afin de déposer
un dossier permettant d'obtenir des financements.
Cet
historique a été arrêté à
juin 2013.
Les "Amis de Vertus" après des mois d'attente sont maintenant en possession de cette étude qu'ils ont entièrement financée. Le Conseil général devrait cependant leur attribuer une aide.
Des démarches vont être faites, avec l'aide des élus locaux, afin de trouver des financements pour réaliser ces travaux, l'association ne pouvant assumer l'intégralité de la dépense
Sources :
- Histoire
générale du Languedoc
- Délibérations
du conseil de fabrique de l'église de Vertus
- Archives
municipales de Rabastens
- Délibérations
du conseil municipal de Rabastens
- Emile
Marty : cartulaires de Rabastens, archives des notaires de Rabastens,
documents épars
- Archives
départementales du Tarn : minutes de Me Tisseron, fonds Ebrard